
Climats (Littérature Française) (French Edition)

Nous avions peu de chose à nous dire. J'avais essayé bien souvent de parler avec Odile de mes affaires ; cela ne l'intéressait guère. Elle avait épuisé maintenant la nouveauté de m'entendre raconter ma jeunesse ; mes idées se renouvelaient peu parce que je n'avais pas le temps de lire.
André Maurois • Climats (Littérature Française) (French Edition)
Moi aussi, j'aurais pu te lier, te priver de ta force, de ta liberté, de ton bonheur ; moi aussi, j'aurais pu t'inspirer cette douloureuse inquiétude que tu craignais, que tu cherchais. Je n'ai pas voulu. J'ai désiré t'aimer sans ruse, combattre à poitrine découverte. Je me suis livrée à toi sans défense, alors que toi-même tu me tendais des armes.
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J'ai eu hier soir une longue conversation sur l'amour, avec un de mes amis qui a plus de cinquante ans et passe pour avoir été un des Don Juan de son temps. Ce qui me frappait en l'écoutant, c'était de comprendre combien il avait eu peu de bonheur de tant d'aventures que d'autres lui envient.
André Maurois • Climats (Littérature Française) (French Edition)
Vous savez, quand on ne s'aime plus... ou, plus exactement, quand il n'y a plus désir physique (car j'ai pour Jacques beaucoup d'affection), c'est difficile de rester, en apparence, un couple uni... Jacques a une maîtresse ; je le sais ; je l'approuve... Vous ne pouvez pas encore comprendre ça, mais un moment vient où on a besoin d'indépendance...
André Maurois • Climats (Littérature Française) (French Edition)
Au fond, une femme vraiment amoureuse n'a jamais de personnalité ; elle dit qu'elle en a une, elle essaie de se le faire croire, mais ce n'est pas vrai. Non, elle essaie de comprendre la femme que l'homme qu'elle aime souhaite trouver en elle et de devenir cette femme-là... Avec vous, Philippe, c'est très difficile, parce qu'on ne sait pas très bie
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Ce que disait Odile était-il remarquable ? Je ne le crois pas, mais elle possédait ce qui manquait à tous les Marcenat : le goût de la vie. Nous aimons les êtres parce qu'ils sécrètent une mystérieuse essence, celle qui manque dans notre formule pour faire de nous un composé chimique stable.
André Maurois • Climats (Littérature Française) (French Edition)
Les livres qu'il me donnait à lire (Stendhal, Proust, Mérimée) m'ennuyèrent au début. Mais très vite j'en vins à les aimer parce que je voyais pourquoi ils lui plaisaient. Rien n'était plus facile que de comprendre les goûts de Philippe ; il était de ces lecteurs qui ne cherchent qu'eux-mêmes dans les livres. Souvent je trouvais les siens couverts
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Avec Odile, pensais-je, qu'une telle soirée eût été charmante et gaie ! Elle aurait eu son regard lumineux des jours de bonheur. Elle aurait joué à toutes les loteries et eût été heureuse de gagner un petit bateau de verre filé. Pauvre Odile qui aimait tant la vie et qui l'aura si peu connue, alors que des êtres faits pour la mort, comme Isabelle e
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« Cher, me dit-elle, vous êtes triste. Qu'est-ce que vous avez ? Vous ne trouvez pas que c'est amusant, la vie ? Pensez que dans chacune de ces petites maisons bizarres il y a des hommes et des femmes dont la vie serait intéressante à observer. Pensez qu'il y a, à Paris, des centaines de places comme celle-ci et des dizaines de Paris dans le monde.
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