
Climats (Littérature Française) (French Edition)

Moi aussi, j'aurais pu te lier, te priver de ta force, de ta liberté, de ton bonheur ; moi aussi, j'aurais pu t'inspirer cette douloureuse inquiétude que tu craignais, que tu cherchais. Je n'ai pas voulu. J'ai désiré t'aimer sans ruse, combattre à poitrine découverte. Je me suis livrée à toi sans défense, alors que toi-même tu me tendais des armes.
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Oui, peut-être. Vous avez en partie raison. Mais il raconte de si belles histoires ! Les femmes sont de grands enfants, Marcenat. Elles ont gardé le sens du merveilleux. Et puis le cadre de la vie réelle est si limité pour elles qu'elles souhaitent toujours s'en échapper. Si vous saviez comme c'est ennuyeux de s'occuper tous les jours d'une maison,
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Je vivais dans les livres et ne pouvais comprendre que l'on fût différent de moi. Elle me demanda de lui prêter Gide, Barrès, Claudel dont je lui parlais tant ; ce qu'elle m'en dit ensuite me blessa. Elle avait un joli corps ; je la désirais très fort dès qu'elle retournait à Limoges. Quand j'avais passé deux heures avec elle, je souhaitais mourir,
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Un homme ne joue pas toute sa vie sur un amour ; il a son travail, ses amis, ses idées. Une femme faite comme moi n'existe que pour son amour. Par quoi le remplacer ? Je détestais les femmes, et les hommes m'étaient indifférents. J'avais, après une longue attente, cru gagner la seule partie que j'eusse jamais désiré jouer : celle d'un sentiment uni
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La voyant par leurs yeux; je jugeais qu'elle traitait avec une inconvenante légèreté des sujets sérieux. Mais, en même temps, j'en arrivais à préférer ses folies aux théories de mes amis. Ainsi j'étais honteux de ma femme devant eux et fier d'elle devant moi-même. Quand ils partaient, je me disais que malgré tout Odile leur était supérieure par un
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Comment aurait-elle pu connaître le bonheur par cette immobile contemplation? Les femmes s'attachent naturellement aux hommes dont la vie est un mouvement, qui les entraînent dans ce mouvement, qui leur donnent une tâche, qui exigent beaucoup d'elles... Je regardais le petit lit d'Odile ; que n'aurais-je donné maintenant pour y revoir ce corps allo
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Philippe exprimer l'idée que la grande force d'une femme est l'absence, que loin des êtres on oublie leurs défauts, leurs manies, que l'on découvre qu'ils apportent dans notre vie un élément précieux, indispensable, élément que nous n'avions pas remarqué parce qu'il était trop intimement mêlé à nous. « C'est comme le sel, disait-il, nous ne savons
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Vous me fatiguez tellement parvos craintes, par vos soupçons, que je suis obligée de surveiller mes phrases, de faire attention de ne pas me contredire, comme un accusé chez le juge d'instruction... Ici, j'ai passé une journée délicieuse, j'ai lu, j'ai rêvé, j'ai dormi, je me suis promenée dans la forêt. Demain j'irai au château voir des miniatures
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« A ce moment-là, Isabelle, je vous ai presque haïe, et puis j'ai arrangé ma vie autrement et tout cela me paraît maintenant comme étranger à moi... Nos émotions les plus fortes meurent, ne trouvez-vous pas ? et on regarde la femme qu'on était il y a trois ans avec la même curiosité et la même indifférence que si elle était une autre.