Flaubert parlait de techniques littéraires mais il aurait pu évoquer une méthode phénoménologique qui suit exactement ce processus. Avec l’epokhê, on se débarrasse d’abord des notions de seconde main ou d’idées reçues, puis on décrit la chose telle qu’elle se présente directement. Pour Husserl, cette capacité à décrire un phénomène sans être

C’est aussi ce qui me fascine chez Sartre. Tandis que Heidegger tourna en rond sur son territoire natal, Sartre alla sans cesse de l’avant, élaborant toujours de nouvelles réponses, souvent bizarres, aux choses, ou trouvant de nouvelles façons de concilier vieilles idées et apports nouveaux. Il faut penser, claironnait Heidegger, mais Sartre

Sartre fit office de pont avec toutes les traditions qu’il détourna, modernisa, personnalisa et réinventa. Il y insista toute sa vie : ce n’était pas le passé qui importait, mais le futur. On devait avancer, créer ce qui serait : agir dans le monde et avoir un effet sur lui.

Si nous ne sommes rien d’autre que ce que nous pensons, alors aucune « nature intérieure » prédéfinie ne pourra nous freiner. Nous sommes protéens. Il donna à cette idée une guise sartrienne dans un court essai qu’il commença à rédiger à Berlin mais ne publia qu’en 1939 : « Une idée fondamentale de la phénoménologie de Husserl :

Dans l’existentialisme, il n’y a pas d’excuses. La liberté s’accompagne d’une responsabilité totale.

il commence par tout diviser en deux domaines. L’un est celui du pour-soi, qui se définit uniquement par le fait qu’il est libre. C’est nous : c’est là que nous trouvons la conscience. L’autre domaine est celui de l’en-soi, où nous trouvons tout le reste : cailloux, canifs, balles, voitures, racines. (Sartre ne parle guère des autres animaux, mais

Ce que je ne voyais pas, c’étaient les différences philosophiques importantes qui séparaient l’œuvre de Camus de celle de Sartre. Autant ils aimaient Camus, autant Sartre ni Beauvoir n’acceptèrent jamais sa vision de l’absurde. Pour eux, la vie n’est pas absurde, même vue à l’échelle cosmique, et il n’y a rien à gagner à dire qu’elle l’est. Pour

Quelle qu’ait été sa source d’inspiration, le livre de Beauvoir surpasse celui de Sartre par son sens subtil de l’équilibre entre liberté et contrainte dans la vie d’une personne. Elle a montré comment les choix, les influences et les habitudes peuvent s’accumuler au fil d’une vie pour créer un carcan dont il devient difficile de se défaire. Sartre

Il donne un exemple : un marchand de légumes qui reçoit de sa direction une banderole porteuse d’un message standard : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous966 ! » Censé la mettre en vitrine, il le fait, alors qu’il se fiche pas mal du message : il sait que dans le cas contraire il s’attirera toutes sortes d’ennuis. Un client qui voit la