Apologie de Socrate (French Edition)

Platon suggère que la vie politique, la vie de la pólis (« la cité »), concerne celle-ci d'une manière beaucoup plus englobante : elle est à l'œuvre non seulement dans les lieux officiels et leur pompe partisane, mais aussi dans ses rues, ses faubourgs, ses gymnases, ses places du marché et ses maisons particulières. Tels sont les lieux où Socrate,

Leur demande-t-on ce que Socrate fait et ce qu'il enseigne, ils n'ont rien à répondre, ils sont dans l'embarras. Mais, pour ne pas avoir l'air d'être dans l'embarras, ils allèguent les griefs qu'ils ont sous la main contre tous ceux qui pratiquent la philosophie : « mener des recherches sur ce qui se passe dans le ciel et sous la terre », « ne pas

On pourrait en déduire une loi de l'ignorance ascendante, loi qui, nous dit Socrate, se vérifie « à peu d'exceptions près » : plus on monte jusqu'aux hommes les plus en vue et les plus réputés en savoir, plus l'ignorance est grande et plus le bon sens s'évanouit.

Le savoir, comme le dit Socrate dans l'Ion, a toujours un objet précis et délimité. Savoir, c'est savoir quelque chose de particulier. Or il arrive que ceux qui possèdent une connaissance particulière soient aveugles aux limites de leur propre savoir et croient être dans la même disposition à l'égard d'autres objets. Les poètes et les artisans s'im

vivre en philosophant, en soumettant soi-même et autrui à l'examen, telles sont la mission et la place que lui a assignées un dieu : l'ordre est donc plus impérieux encore, et il lui est impossible de quitter son poste. Tout est désormais inversé : la seule chose qui aurait valu à Socrate d'être traduit devant un tribunal au nom des dieux de la cit

imiter la disponibilité de Socrate et s'insinuer auprès de chacun pour y reprendre la tâche de la philosophie, cette politique qui entreprend de toucher les esprits afin d'engager en eux une irrémédiable et complète transformation ?

Une clé de l'essence de Socrate nous est offerte par un phénomène admirable, celui que l'on désigne sous le nom de « daimonion de Socrate ». Lorsque par exception son prodigieux intellect venait à vaciller, il trouvait un soutien solide dans une voix divine qui dans ces circonstances s'adressait à lui. Lorsque cette voix s'élève, c'est toujours pou

On ne mesure pas toujours de manière positive ce que Platon dit de l'écrit : dans le Phèdre (275d-e), il souligne la capacité du discours, une fois écrit, à « rouler partout », vers chaque lecteur et chaque auditeur du texte lu à haute voix, « sans discrimination auprès des connaisseurs comme auprès de ceux auxquels il n'est pas destiné ». C'est un

Le philosophe a-t-il une fonction politique dans la cité ? Ou bien vit-il en retrait par rapport à elle ? Sa capacité à critiquer le fonctionnement de la cité tient-elle à son rapport spécifique à la vérité ?