Une clé de l'essence de Socrate nous est offerte par un phénomène admirable, celui que l'on désigne sous le nom de « daimonion de Socrate ». Lorsque par exception son prodigieux intellect venait à vaciller, il trouvait un soutien solide dans une voix divine qui dans ces circonstances s'adressait à lui. Lorsque cette voix s'élève, c'est toujours

Ce dernier doit admettre que l'homme politique est moins savant que lui puisque, si l'un comme l'autre ne savent pas grand-chose, du moins Socrate reconnaît son ignorance. Il possède donc ce savoir minimal qui consiste à ne pas s'imaginer savoir ce que l'on ne sait pas. Socrate réitère l'expérience avec d'autres hommes réputés plus savants encore.

J'en suis, en effet, à cette heure de la vie où les êtres humains sont le plus aptes à faire des prophéties, au moment où ils vont mourir. Je vous prédis en effet, citoyens, vous qui m'avez condamné à mort, que vous aurez à subir, tout de suite après ma mort, un châtiment beaucoup plus pénible, par Zeus, que celui auquel vous m'avez condamné en me

pour la première fois chez Platon, sur la présentation d'un régime juste, où les philosophes auraient pris le pouvoir. Selon lui, les assemblées démocratiques doivent être fuies par le jeune philosophe, car le règne de l'émotion partagée, héritée du théâtre, l'emporte sur toute tentative de préserver une conscience individuelle.

Platon entreprend de nous montrer que l'honneur de ce soldat de la vertu engageait aussi la philosophie elle-même. Pour Socrate, en effet, la vertu n'est rien sans la poursuite du savoir et le désir insatiable de connaître, ce que désigne précisément le terme grec philosophía3. Il n'y a pas de courage, pas de tempérance ni de justice sans amour du

Le savoir, comme le dit Socrate dans l'Ion, a toujours un objet précis et délimité. Savoir, c'est savoir quelque chose de particulier. Or il arrive que ceux qui possèdent une connaissance particulière soient aveugles aux limites de leur propre savoir et croient être dans la même disposition à l'égard d'autres objets. Les poètes et les artisans

Chez tous les hommes productifs, l'instinct est justement la force créatrice et affirmative, tandis que la conscience agit de façon critique et dissuasive : mais chez Socrate l'instinct devient critique, et la conscience créatrice – une véritable monstruosité per defectum29

vous trouverez que, tout au long de mon existence, j'ai été un tel homme quelle que soit la fonction publique que j'ai exercée et que je suis resté le même en privé : je ne me suis jamais laissé convaincre d'agir contre la justice par personne, qu'il s'agisse de l'un de ceux que mes calomniateurs présentent comme mes disciples ou de quelqu'un

On pourrait en déduire une loi de l'ignorance ascendante, loi qui, nous dit Socrate, se vérifie « à peu d'exceptions près » : plus on monte jusqu'aux hommes les plus en vue et les plus réputés en savoir, plus l'ignorance est grande et plus le bon sens s'évanouit.