37°2 le matin (French Edition)

D'un seul coup, elle paraissait vraiment crevée et parfois la fatigue rend la vie triste et douloureuse, on peut pas éviter ça. J'ai envoyé un pâle sourire au plafond. Dans un sens, c'était quand même une belle victoire de finir debout sur ses jambes. Chaque boulot a été pour moi une occasion de vérifier que l'homme est doué d'une résistance surnat

Non, pas du tout, ce que je veux dire c'est que la vie c'est pas un stand de foire avec tout un tas de lots bidon à décrocher et si t'es assez dingue pour te mettre à miser, tu t'aperçois vite que la roue s'arrête jamais de tourner. Et c'est là que tu commences à souffrir. Se fixer des buts dans la vie, c'est s'entortiller dans des chaînes.

Avant de repartir, il a sifflé mon verre, j'y avais pas encore touché. Je me suis retrouvé un peu à l'écart, avec mon verre vide, mais j'ai pas bougé. J'avais pas soif, je voulais rien. Betty semblait s'amuser et Lisa, Eddie, Bob, Annie et tous les autres, enfin s'amuser je veux dire que j'étais le seul à rester dans mon coin, essayant de me trafiq

J'ai laissé la fille et je suis monté à la baraque. Je me disais qu'avec un peu de chance, j'allais me trouver un coin tranquille, un angle de mur où j'allais pouvoir me descendre un verre en paix. L'alcool donnait pas de solution, pas plus que n'importe quoi d'autre d'ailleurs, mais ça permettait de souffler un peu, ça évitait de se faire sauter t

N'empêche qu'il doit bien y avoir quelque chose à faire... il a grogné. – Ouais, bien sûr, il faudrait qu'elle comprenne que le Bonheur existe pas, que le Paradis existe pas, qu'il y a rien à gagner ou à perdre et qu'on peut rien changer pour l'essentiel. Et si tu crois que le désespoir est tout ce qu'il te reste après ça, ben tu te goures une fois

On s'est pas mis tout de suite à chercher du boulot, il y avait rien qui pressait. On passait le plus clair du temps sur la terrasse à discuter avec Lisa et Bongo, on jouait aux cartes, on lisait des bouquins et les après-midi s'enfilaient les uns derrière les autres dans une douceur effarante, je me rappelais pas avoir connu mieux que ça.

Je me sentais en forme, incapable d'émettre la moindre idée mais plutôt remonté à bloc et aussi obéissant qu'un engin téléguidé. J'avais pas de mal à trouver ça bon. C'est quand même agréable, de temps en temps, cette impression d'avoir le cerveau débranché.

Ah, je t'en prie... Ne me sors pas des conneries pareilles ! Pourquoi tu crois que je suis avec toi, à quoi ça rime si je peux pas t'admirer, si je peux pas être fière de toi... On est en train de perdre notre temps ici, c'est le coin idéal pour s'entraîner à mourir !

Enfin voilà, tout ça pour dire que j'avais retrouvé une vie normale, le modèle standard avec des hauts et des bas et il y avait en moi celui qui croyait au ciel et celui qui y croyait pas. J'écrivais, je payais les factures courantes, je changeais les draps une fois par semaine, je tournais en rond, je me baladais, je buvais des coups avec Bob, je